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Le réalisme chez Marie Chauvet 
 
 
Le roman réaliste haïtien débute avec les romanciers de la Génération de la ronde, à une époque où le pays connaît des troubles socio-politiques. Bien qu'ils pérennisent la tradition du roman réaliste français, ces romans ont fait une radiographie critique de la société haïtienne et s'inscrivent dans la réalité haïtienne, non seulement dans la thématique mais par la démarche esthétique. 
 
Issu du courant français du 19e siècle, le réalisme tend à présenter dans son contenu les caractéristiques de la vie réelle ou le réel de la vie. Si la notion du roman réaliste est antinomique dans la mesure où celle-ci implique de la fiction, au même titre d'une représentation du réel, cela n'empêche pas qu'il ait connu ses lettres de noblesse à travers l'histoire littéraire. Eric Auerbach montre que la littérature occidentale, par-delà les frontières et les nationalités, s'est construite sur l'approfondissement constant d'un réalisme dont le trait principal est la prise en compte et la transposition dramatique de la vie du peuple. (Mimésis) 
Le roman réaliste haïtien débute avec les romanciers de la Génération de la Ronde, à une époque où le pays connaît des troubles sociopolitiques. Bien qu'ils pérennisent la tradition du roman réaliste français, ces romans ont fait une radiographie critique de la société haïtienne et s'inscrivent dans la réalité haïtienne, non seulement dans la thématique, mais par la démarche esthétique. Cette tradition de réalisme, de la Génération de la Ronde au réalisme merveilleux de Jacques Stephen Alexis en passant par le roman paysan et le réalisme socialiste (Lespès), le roman haïtien a tout de même connu des évolutions assez profondes. «Les rapaces » est l'oeuvre à laquelle on se réfère pour comprendre l'époque.  
 
''Les rapaces'', après la trilogie de Marie Chauvet, peut être considéré comme l'un des témoignages montrant la réalité de l'époque. Parut en 1986, en pleine dictature, ''Les rapaces'' présente non seulement la dictature dans sa toute cruauté, mais dénonce un ensemble de pratiques liées avec à celle-ci. L'incipit du roman ouvre sous les funérailles d'un défunt chef dont l'analogie renvoie à la mort de François Duvalier. Michel Boris, écrivain, rédige un roman où il dénonce les abus du pouvoir. Alcindor, père de quatre enfants, dépossédé de ses terres, poussé par la faim, écorche un chat et connaît la mort pour son acte. Alors que le gouvernement trafique le sang et les cadavres et la vente des organes aux Etats- unis. 
 
Le réalisme de Marie Chauvet n'est qu'un prétexte pour dénoncer ou critiquer le pouvoir duvaliériste, l'injustice sociale. Lorius, promu chef, devient assassin, tuant, volant, les affaires d'autrui. Alcindor doit, par faute de la misère, aller vendre son sang pour nourrir ses enfants. Elle critique la bourgeoisie pour sa passivité : Continuer >  
 
 
 
 
 
Le roman de Chauvet est historiquement lié à un moment où le pays connaît l'exode des intellectuels haïtiens au Canada, en Afrique, aux Etats unis et un changement thématique littéraire : l'exil. Nombreuses sont les oeuvres qui dénoncent la dictature duvaliériste : "L'année Dessalines" de Jean Metellus, "Moins l'infini" et "Mémoire en colin-maillard" d'Anthony phelps, "Mât de cocagne" de René Depestre, etc. On se demande pourquoi Chauvet n'a pas abordé le thème de l'exil .  
 
''Les rapaces'' n'est pas l'unique oeuvre de Marie Chauvet dénonçant les problèmes sociaux. Renonçant aux traditions héritées de la Génération de la Ronde et de l'héritage balzacien, Max Dominique, dans son ouvrage "Esquisses critiques", montre que (page 97). Cependant, on devrait questionner le propos de Max Dominique à ce sujet. 
 
Pierre Raymond Dumas dans son ouvrage "Panorama de la littérature haïtienne de la diaspora" a peut-être raison d'affirmer que < l'une des performances de l'auteur, c'est d'aborder de front les problèmes, d'être farouche jusque dans la description de la terreur>. Cependant, le problème abordé par Chauvet dans ''Les rapaces'' a été déjà posé dans sa trilogie (Amour, Colère, Folie), oeuvre à laquelle l'image d'une société traquée par la terreur, par le viol, par le vol se montre plus visible. Dans l'oeuvre de Marie Chauvet la haine de l'autorité se réfère à une allégorie animale. Dans les hommes en noirs se renvoient non seulement au dictateur de l'époque pour son habit (en noir), mais aussi à ses hommes (les macoutes) qui sèment la terreur. Le symbolisme de la couleur (le noir) appliqué aux hommes implique des référents comme , , symboles d'une dictature terrifiante. Le roman ne renvoie pas seulement à une chronique sociale, mais il pose un problème qui est actuel : la faim, la misère.  
 
Ce qu'on peut constater dans l'oeuvre de Marie Chauvet, c'est que certains personnages féminins sont passifs et sont livrés parfois à leur destin. Est-ce par le fait que ces personnages sont en majeure partie des femmes ? En ce sens, Max Dominique affirme :. (page 106). La valeur de l'oeuvre de Marie Chauvet ne s'inscrit pas dans le temps. Elle ne fait que questionner les anomalies d'une société malade et les dérives du pouvoir. Son oeuvre nous met en face de la réalité d'aujourd'hui. L'agilité de l'oeuvre montre à quel point l'art de l'auteur s'articule dans une élégance et une manière de saisir le réel haïtien. 
 
 
Jean Watson Charles 
Neensonge@yahoo.fr  
Paru dans le Nouvelliste le 06/10/08

 

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Modifié en dernier lieu le 3.10.2011
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